Le 19e régiment d’infanterie, basé à Brest et Landerneau et composé en grande majorité de Finistériens, s’engage le 17 décembre 1914 dans la bataille d’Ovillers-la-Boisselle. A la fin de cette journée, le régiment est décimé. Parmi ces morts, Augustin de Boisanger, alors président de l’Office central de Landerneau. Quelques années plus tard, un calvaire sera érigé en son honneur et à tous ceux qui sont décédés ce 17 décembre 1914, communément appelé « Le Calvaire des Bretons »
La bataille d’Ovillers-la-Boisselle
Le commandant Viotte (Commandant le 2e bataillon) relate dans ses correspondances cette effroyable bataille du 17 décembre 1914 « et de toutes ces morts qui auraient pu être épargnées ». « On a envoyé mon bataillon comme les deux autres du 19e à la mort et nous y sommes allés ». Il relate au fil de ses écrits un ordre d’attaque sans aucun appui, des soldats allemands prévenus de l’attaque, des soldats français heurtés par des fils de fer qui auraient du être détruits.
Le chiffre total des pertes (tués, blessés, disparus et prisonniers) est de 1158. Le nombre de morts pour le 19e régiment d’infanterie, diverge selon les sources : 276 pour les Cahiers du 19e régiment d’infanterie ; 296 pour les Livres d’Or.
Parmi ces morts, Augustin de Boisanger, président de l’Office Central
Augustin Bréart de Boisanger
Né à Quimperlé, le 16 janvier 1874, Augustin Bréart de Boisanger est le petit-fils de l’écrivain La Villemarqué, auteur du Barzaz Breiz (chants populaires de la Bretagne, publié en 1839). En 1907, il s’installe au château de Kerdaoulas à Saint-Urbain, à quelques kilomètres de Landerneau. Il prend part à la création du syndicat agricole de Daoulas en 1901, puis à celle des Syndicats Réunis du Finistère. En 1911, il est le co-fondateur de l’Office Central et en devient le premier président. En 1914, alors âgé de 40 ans, il est mobilisé au 87e régiment territorial d’infanterie en tant que sergent, puis nommé sous-lieutenant et lieutenant au 219e régiment d’infanterie (régiment de réserve du 19e régiment d’infanterie). Il est tué à l’ennemi le 17 décembre 1914 à Ovillers-la-Boisselle. Pour lui rendre hommage, sa famille fait ériger un calvaire à Ovillers-La-Boisselle dix ans plus tard.
Pour en savoir plus :
Consulter son état de services militaires (Matricule 113, page154)
Consulter sa fiche Mort pour la France
Le calvaire des Bretons
Ce calvaire est érigé en hommage aux Bretons tombés le 17 décembre 1914, par la famille de Boisanger. Œuvre de l’atelier de marbrerie Donnart de Landerneau, il se situe à l’endroit même où serait tombé Augustin de Boisanger.
Tous les noms des soldats décédés pendant cette bataille n’y apparaissent pas. Seuls sont mentionnés les noms du Capitaine Henry Raillard, de l’adjudant André Pitel et du lieutenant Augustin de Boisanger. Le calvaire porte en inscription les dernières paroles du Lieutenant de Boisanger :
« Je n’abandonne pas mes Bretons »
Suivi de ces quelques lignes :
« A la mémoire des Braves du 19e, tombés ici le 17 décembre 1914.
Ici est tombé le lieutenant de Boisanger.
Hommage et reconnaissance des syndicats agricoles du Finistère ».
Inauguration du Calvaire des Bretons, 17 mars 1924
Le 17 mars 1924, la famille de Boisanger est présente à Ovillers-La-Boisselle pour inaugurer le « Calvaire des Bretons ».
A leur côté, des personnalités landernéennes et finistériennes :
- M. Inizan, député du Finistère
- le Dr Gayet
- M. De Rodellec, administrateur de l’Office Central.
Après une messe, en présence de Monseigneur l’Évêque d’Amiens, le cortège se dirige vers le calvaire. « Le paysage est d’une poignante tristesse. La guerre hante cette terre ravagée où se dessine encore la ligne des tranchées [….]. La croix de granit est plantée au sommet du plateau face au couchant. Le cortège l’entoure: recueillons-nous, l’âme serrée, la terre que nous foulons a bu le sang de nos héros. Le président de l’O.C. prend la parole. Il raconte l’histoire du 19e et de son accrochage désespéré. »(Extrait d’un bulletin de l’Office Central, 1924). Puis c’est au tour de l’Évêque d’Amiens et du maire d’Ovillers de rappeler leur reconnaissance envers ces Bretons. « La cérémonie s’achève, la croix est bénite. Et chacun se hâte vers Albert, en songeant aux leçons de cette journée, le cœur pleure de reconnaissance pour ceux qui « ont été offerts, parce qu’ils l’ont voulu ». Leur sacrifice a sauvé la France » (Extrait d’un bulletin de l’Office Central, 1924).
La famille de Boisanger, propriétaire du calvaire, en fait don à la commune d’Ovillers-la-Boisselle en 2011. Il est restauré la même année, avec la participation de la Ville de Landerneau, du Conseil Régional de Bretagne et des sociétés issues de l’Office Central.
Des délégations de chaque ville se rendent consécutivement à Landerneau (juillet 2014) et à Ovillers-la-Boisselle (décembre 2014) pour commémorer cet évènement.
Portraits de combattants d’Ovillers-la-Boisselle
Guillaume Mével (lien vers la page Portraits de soldats/Guillaume Mével)
Portraits de combattants d’Ovillers-la-Boisselle
Jacques Riou, né à Saint-Pol-De-Léon né le 19 août 1889, soldat au 19e régiment d’infanterie.
Sources
FLOC’H Marcel, Amicale du 19e R.I., La longue marche du 19e régiment d’infanterie de Brest pendant la Première Guerre Mondiale, Tome I, 1914-1917
Les Cahiers du 19e régiment d’infanterie
Bulletins de l’Office Central
Archives départementales du Finistère, Sous-série 1R, Registre matricule
Ville de Landerneau, Don numérique, 1NUM028
Ville de Landerneau, Don numérique, 1NUM030
Ville de Landerneau, Don numérique, 1NUM033
Ville de Landerneau, Don numérique, 1NUM034