L'église Saint-Thomas

Statue de Saint-Thomas, retable, XVIIIe siècle, église Saint-Thomas, Landerneau © J.F. Chauchard.

Qui est saint Thomas ?

 

Avant l’édifice actuel daté du XVIe siècle, une église primitive fut bâtie à cet endroit par Hervé 1er, vicomte de Léon, à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle en l’honneur de Thomas Beckett, archevêque de Canterbury. Une lettre de Guillaume évêque de Cornouaille, datée de 1218, mentionne l’existence d’une « ecclesia Sanote Thomae de Landerneau ». Il ne reste probablement rien aujourd’hui de cette église primitive qui devient un prieuré de l’Abbaye de Daoulas fondée par Guyomarch IV.

 

La raison qui a poussé Hervé de Léon à construire ce sanctuaire à Landerneau et à le dédier à un saint martyr, est probablement à rechercher dans les évènements historiques survenus à l’époque. En 1167, le père d’Hervé de Léon, Guyomarch IV, vicomte de Léon est battu par le roi Henri II d’Angleterre. Trois ans plus tard, c’est ce même roi qui fait assassiner Thomas Beckett, qui s’opposait à sa politique. Le choix de ce saint patron canonisé en 1173 n’est probablement pas dû au hasard.

En Bretagne, il existe une autre église construite en l’honneur de ce personnage : à Bénodet.

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Landerneau, église Saint-Thomas, collection Ville de Landerneau.

L'enclos paroissial

 

Rebâtie au XVIe siècle l’église était entourée d’un cimetière comprenant une croix et un ossuaire, l’ensemble constituant un enclos paroissial.

 

 

Son tracé n’ayant pas dû subir beaucoup de modifications au cours des siècles, l’enclos longeait probablement la place, comme aujourd’hui, le mur nord de l’église intégré dans sa clôture. L’emplacement de l’ossuaire nous permet de placer sa limite ouest : les traces du support de la grille sont encore visibles sur le pignon nord de la chapelle. L’entrée se trouvait en conséquence face au porche de l’église, intégrée dans la base du clocher.

Vraisemblablement, comme dans tout enclos, un calvaire monumental devait dominer le cimetière. S’il a existé il a peut-être été détruit à la Révolution ou au moment des aménagements urbains du XIXe siècle. En effet, le transfert du cimetière au nord de la ville, en 1832, va profondément modifier sa physionomie : le terrain laissé libre sera rapidement recouvert de constructions. Aujourd’hui il ne reste plus que l’église et l’ossuaire, le calvaire actuel a été sculpté par Yan Larhantec en 1883.

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Le clocher de l’église Saint-Thomas © J.Y. Guillaume.

L'église

Le plan de l’édifice est simple : un clocher-porche et une nef à 5 travées, 2 bas-côtés et un chevet plat de style gothique flamboyant, seulement un bras du transept. La nef de style gothique a vraisemblablement été construite dans la seconde ½ voire la fin du XVIe siècle.

 

Le clocher-porche édifié entre 1607 et 1630 comportait à l’origine 2 galeries. Son état de délabrement est tel qu’il sera déposé et remonté en 1849 par l’architecte Bigot. Après cette restauration, un 3e balcon est ajouté ainsi que le dôme. Le clocher comportait autrefois au moins 4 cloches dont 2 furent fondues à la Révolution pour la fabrication de monnaies et de canons. Il est orné de gargouilles en forme de canon.

À la base de la tour on pouvait observer les armes des Rohan, seigneurs fondateurs, martelées à la Révolution. L’inscription de sa fondation existe toujours : « ceste tour fust fondee le dimanche de la Trenite en l’an 1607. » De part et d’autre de ces inscriptions, on peut apercevoir 3 statues insérées dans des niches : elles représentent saint François d’Assise, une Vierge de pitié et un saint Éloi. Les dais de ces niches sont couronnés de croissants de lunes, motifs fréquemment utilisés comme décor de style Renaissance.

Au sud de l’église, la sacristie construite en 1669 est accolée à l’unique bras du transept.

Dans le porche, les niches sont vides de leurs statues. Seules restent celle de Saint-François d’Assise et un bénitier en kersanton de la même période, datés du XVIe siècle. Au centre une niche oblongue actuellement vide a longtemps abrité la sculpture d’une Vierge couchée en bois avant son transfert à l’intérieur de l’édifice.

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L’ossuaire Saint-Thomas © J.Y. Guillaume.

Focus sur l'ossuaire Saint-Cadou

 

 

Ce bâtiment, daté de 1635, est dédié à saint Cadou ou Cadoc, moine gallois du VIe siècle, patron des lutteurs, dont le culte est répandu en Bretagne. Sa fonction d’origine était d'accueillir les ossements des défunts dont la concession funéraire avait expiré, comme le rappelle le bas-relief figurant la mort, gravé en façade.  De part et d'autre de l'entrée, deux baies en plein cintre permettaient, de l'extérieur, de jeter de l'eau bénite sur les ossements des défunts.

 

Désaffecté à la Révolution, réquisitionné et utilisé comme atelier de cordonnerie pour la fabrication des souliers de soldats, il est transformé en maison d’habitation au XIXe siècle et jusqu’aux années 1950. La Ville le fait alors restaurer pour en faire un petit musée municipal. Depuis 2017, il accueille un petit centre d’interprétation dédié aux ateliers de sculpteurs sur pierre de Landerneau et au patrimoine religieux.

L’immeuble est inscrit au titre des monuments historiques.

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L’intérieur de l’église Saint-Thomas avec la chaire à prêcher, collection Ville de Landerneau.

Décors et mobilier

Si l’église conserve toujours un certain nombre de statues anciennes, des sablières et le grand retable du maître autel, les vitraux anciens de la nef ont été vendus en 1879 à un verrier et remplacés par des grisailles. Par ailleurs, la chaire à prêcher sculptée par Yves Cévaer en 1772 a été démontée en 1963.

Le retable du maître autel de l’église Saint-Thomas date de 1711. Il représente les martyres de saint Thomas et saint Blaise. Les statues de ces deux saints sont associées aux bas-reliefs représentant leur supplice. Saint Thomas, archevêque de Canterbury a été assassiné par les soldats du roi Henri II d’Angleterre, dans sa cathédrale, en 1170. Quant à Blaise, c’était un ermite arménien du IVe siècle, patron des Cordeliers et des tailleurs de pierre. S’il existait à Landerneau plusieurs ateliers de sculpteurs nous ne connaissons malheureusement pas les auteurs de ce retable.

De nombreuses statues conservées aujourd’hui dans l’église proviennent d’anciennes chapelles de la ville détruites au XIXe siècle. Parmi celles-ci, la Vierge couchée probablement daté du XIIIe siècle tient une place particulière. Considérée comme l'une des plus importantes et des plus anciennes statues du patrimoine religieux de Landerneau, elle proviendrait de la Chapelle Notre Dame des Anges démolie en 1889. Polychrome à l’origine elle était présentée dans le porche de l’église Saint-Thomas, avant d’être installée à l'intérieur.

Enfin, On peut observer en haut des murs de la nef des orifices que l’on appelle des « vases acoustiques ». Ils sont insérés dans la maçonnerie afin de donner à l’espace une meilleure acoustique.

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