Guillaume Mével

Plonévez-du-Faou, 13 mars 1880 – La Boisselle, 17 décembre 1914. Un jeune fermier tombé à la Boisselle, le 17 décembre 1914

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Un jeune fermier tombé à la Boisselle

En août 1914, Guillaume Mével, fermier à Saint-Herbot (Loqueffret), fait partie en qualité de sergent du 318è RI, 26è compagnie de Quimper. Il décrit dans une carte à sa mère comment son ancien régiment, le 116è, a été durement touché les jours précédents (le 22 août fut la bataille la plus meurtrière du conflit) :


« Quimper le 29 Aout 1914. Chère Mère, Suis toujours dans un état satisfaisant, en bonne santé pour mieux vous faire comprendre.
Mardi il est encore parti du 318e de Quimper environ 800 hommes (100 hommes, 4 caporaux et 2 sergents de la 26e compagnie c’est à dire la mienne). Il est arrivé cette semaine-ci 450 blessés à Quimper de différents corps et de différentes armes, notamment du 116e, 108e et 89e d’Infanterie. Mon ancien régiment le 116e a été d’après les dit-on fauché terriblement : il n’est pas le seul malheureusement.
Nos amis les Russes marchent à grands pas vers Berlin, les Anglais et les pauvres Belges trinquent comme nous. »


La gestion de la ferme

De la caserne de Quimper, il s’informe également du quotidien, des moissons, conseille sa mère et administre à distance l’exploitation :
« Pour ton froment : je serai d’avis que tu sèmes du froment d’été à Parc a Bec à l’emplacement des pommes de terre, avec semis de trèfle. A goarem yan je sais que le méteil (c’est-à-dire du froment et du seigle mélangés) pourrait réussir à la condition de le semer d’assez bonne heure. »
« J’ai aussi appris que M. Diraison, maire de Plonévez est mort. Lui a-t-on rendu les honneurs religieux ? Le frère du député Lancien est venu aussi ces jours-ci à Quimper comme Sergent, il a 43 ans. La vie de caserne est quelque chose d’extraordinaire rien qu’en ceci : les adjudants et sergents même les caporaux qui étaient détachés au peloton des élèves caporaux quand ils se rencontrent se trouvent heureux et ont trouvé drôle d’être séparés. »


Le départ pour le front

En novembre, le départ pour le front s’organise :  «  Il y a du changement à Quimper depuis dimanche. Le peloton n’existe plus. Presque touts sont partis sur le front du moins ils sont partir de Quimper. Hier c’était une dizaine par Cie aujourd’hui 60 hommes. Donc presque tous les élèves caporaux et les jeunes de la classe 1914 sont dirigés sur la ligne de feu. 600 territoriaux de Concarneau ont passé par Quimper en même temps sur Landerneau et de là une fois habillés seront dirigés sur Abbeville (Somme).
Nous allons tous être balayés du 118 et 318e avant peu. On attend le jour du départ avec impatience. Tout le monde est content de partir, quand je dis tout le monde je suis du nombre.
Tous mes élèves caporaux me réclamaient en me disant ceci : Sergent venez avec nous vous obtiendrez de nous ce que vous voudrez. Voyant que je ne pouvais pas partir avec eux, ils s’empressèrent de me serrer la main et de me remercier.
Voyez alors le soldat Français ! réclamer son chef ou son gradé après l’avoir traité de tout par moment. »

Du front, en décembre 1914 : « Je suis aujourd’hui à Aveleay, au nord d’Albert arrondissement de Péronne à 2 jours de marche de Amiens. D’ici je vois les tranchées françaises, j’entends le canon. Ce n’est guère dur ici. Ce soir j’irai aux tranchées – a ce qui paraît on bien là-dans- On a de la paille et on peut même dormir.»


L’attaque d’Ovillers-la-Boisselle, décembre 1914

Dans la dernière lettre parvenue à sa famille, datée du 10 décembre 1914 à Ville sur Ancre, il se veut une fois de plus rassurant : « On ne se croit pas en guerre, on entend malgré tout le canon. Maintenant il y a peu de blessés, car on n’attaque plus. »
Pourtant, le 14 janvier 1915, la mère de Guillaume Mével est informée par courrier de la disparition de son fils, lors de l’assaut du 17 décembre 1914 à La Boisselle, dans la Somme.
« Nous partîmes, l’attaque était dangereuse et nous savions bien que beaucoup d’entre nous y resterait, mais il faut faire ce qu’on ne peut empêcher. […] Nous l’avons beaucoup regretté c’était un excellent camarade très dévoué pour ses chefs il avait gagné l’estime de tous – aussi je vous souhaite que ma version soit bonne et que vous le retrouverez vivant après cette terrible guerre. »
Guillaume Mével disparait à 34 ans, veuf et sans descendance.
 
Lire l’intégralité de la correspondance du soldat, du 23 août 1914 au 10 décembre 1914.


Distinctions

Croix de guerre à titre posthume
Mort pour la France


Lien vers le font

Coll. Ville de Landerneau, 1NUM028