Le monument aux morts

Après la guerre 1914-1918 la France entière va ressentir le besoin de marquer cette saignée humaine.
A Landerneau, quelques jours après l’armistice, le 29 novembre 1918, le Conseil municipal décide à l’unanimité qu’un monument sera élevé aux soldats morts pour la France et vote un crédit de 2000 francs. Une souscription est également lancée. L'emplacement choisi est celui du cimetière. Bien qu'éloigné du centre, on y voit au contraire l’occasion d’une procession, de la mairie au cimetière.

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Le Comité d’érection

Comme dans beaucoup de villes un comité d’érection est créé, composé d’élus, de personnalités, ainsi que du curé de Landerneau. Ce comité est chargé de lancer une souscription afin de recueillir des fonds auprès de la population. Vally, architecte départemental et membre du comité, est chargé d’en dresser les plans.
Le comité est composé de :

  • Le Meur, Donnart, Guyader et Kérébel, conseillers municipaux
  • Le colonel Roy, délégué du souvenir français
  • Bouguen et Kerrigent, présidents de la société de secours mutuels de Landerneau
  • Le colonel Martel, vétéran de la guerre de 1870
  • Durr et Collomby, vétérans de la guerre 1914-1918
  • Gayet, conseiller général et président de l’association des industriels et commerçants de Landerneau
  • Vally, architecte
  • Présidents d’honneur : Gaston de L’Hôpital, maire, le général Segondat et le curé de Landerneau

Le monument

L’État apporte sa contribution financière et charge le préfet, dans chaque département, de contrôler l’érection de ces monuments commémoratifs, en créant une commission artistique chargée de veiller à la qualité de ces monuments. Cette commission aura cependant peu de poids, peu d’influence sur les choix des communes, si bien que le journal La Bretagne Touristique, en 1922, va déplorer la laideur de certains monuments.
C’est donc un immense marché de la commémoration qui s’ouvre en France, et partout vont se concurrencer sculpteurs, entrepreneurs funéraires et fondeurs.
Le monument le plus répandu est la stèle de pierre, c’est d’ailleurs le monument le moins cher.


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Détail du plan du Monument aux morts de Landerneau, Coll. Ville de Landerneau, 4 Fi 53

La ville de Landerneau choisit un monument original dont elle confie la réalisation des plans à l’architecte VALLY. Le colonel ROY, président du comité, qui explique la symbolique de ce monument :« C’est une reproduction de la lanterne des morts, selon une coutume du Moyen Âge, qui veillait la lueur symbolique témoignant près des morts de la constante prière des vivants » (extrait d’un article de presse non daté, relevé par Marie-Pierre Cariou aux Archives départementales de l’Ile-Et-Vilaine, cote 4J2103)

D’un coût de 22 050 francs, il est un des monuments les plus onéreux du Nord Finistère.
Alors que la Révolution industrielle permet l’utilisation de nouveaux matériaux, c’est la pierre de kersanton qui est plébiscité, à Landerneau comme dans beaucoup de communes du Nord Finistère. C’est de l’atelier du marbrier funéraire landernéen, Donnart, que sort le monument : cet atelier réalise de nombreux monuments dans les communes du pays,comme au Tréhou par exemple.
295 noms de soldats de la guerre 14 figurent sur le monument.


L'inauguration

Il est inauguré le 13 novembre 1921. Sont présents à cette inauguration toutes les personnalités importantes de l’époque, y compris Jean-Louis Rolland, qui écrit dans une lettre datée du 12 novembre 1921 adressée au maire de Landerneau qu’il se fait « un devoir d’assister à la cérémonie […] pour adresser l’hommage du souvenir à nos vaillants disparus », en sa qualité de membre de l’association républicaine des anciens combattants.


Sources :

  • Service du patrimoine historique de Landerneau, Dossier documentaire « Le monument aux morts »
  • Service du patrimoine historique de Landerneau, Série M, Dossier « Monument aux morts »
  • Service du patrimoine historique de Landerneau, Registre des délibérations du Conseil municipal de Landerneau, 17/05/1908 – 23/12/1921
  • Olivier LE GALL, « Les monuments aux morts de la première guerre mondiale : étude sur les cantons de Daoulas, Brest, Landerneau et Guipavas », Travail d’étude et de recherche, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 2001