Sur la Terre comme au Ciel

Photographie du monastère prise de l’Elorn. L’emprise de la rivière, très différente d’aujourd’hui,

L’aménagement du monastère et des jardins aux XIXe et XXe siècles

En France, l’héritage catholique est particulièrement riche et une très grande partie du patrimoine classé au titre des Monuments Historiques, objets ou bâtiments, appartient au domaine religieux. Tous les secteurs de la création sont concernés, de l’architecture à l’art des jardins. Dans une société aujourd’hui en quête de repères, il est bon parfois de se replonger dans un bain de spiritualité et de sagesse pour renouer avec l’essentiel : redécouvrir le monde avec émerveillement.

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Vue générale de la chapelle et du nouveau monastère du Calvaire. Carte postale, coll. ville de Lande

Un nouveau monastère

C’est mère Saint-Paul qui lance le projet de reconstruction avec l’héritage reçu de sa famille mais elle décède en 1866 et ne verra même pas le commencement des travaux. Son frère, Paul Le Vicomte de la Houssaye, prêtre et supérieur de la communauté, lance le chantier dès l’année suivante. L’architecte est le chanoine Brune de Rennes.

Des travaux d’aménagement des quais sont entrepris pour permettre aux gabarres d’apporter par mer les matériaux issus de carrières de la rade de Brest. Le 24 juin 1874, les travaux de reconstruction de l’église commencent à leur tour. La première pierre est incluse dans le mur de la chapelle, du côté du cloître. Un coffret y est déposé avec un Christ et des médailles. L’église est consacrée le 28 juillet 1876 par Monseigneur Nouvel, évêque de Quimper. Son riche style néogothique flamboyant tranche avec l’austérité des bâtiments du couvent, achevés en septembre de la même année. Avant la reconstruction, le monastère comptait 43 religieuses, 3 novices et 115 élèves ; en 1880, le pensionnat reconstruit reçoit 180 jeunes filles.

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Tympan de la chapelle. Coll. ville de Landerneau.

Les artistes de la reconstruction du couvent

Les dames du Calvaire sollicitent les meilleurs artistes et artisans de leur temps. Le patrimoine religieux qui en émane, à travers l’architecture, la statuaire, la peinture, l’orfèvrerie, le vitrail aussi est d’une richesse étonnante et il contribue à faire redécouvrir un art sacré de premier ordre, souvent ignoré, celui du XIXe siècle. 

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Les jardins du monastère, nourrir l’esprit et le corps

Les jardins de couvent ont d’abord une importante signification spirituelle, entretenus avec soin, ils sont l’image de l’âme qui se donne à Dieu et se garde du péché en domptant les plantes rebelles.

La topographie naturelle du site d’implantation suscite aussi l’intérêt ; ici, c’est l’accès aux matériaux de construction, l’approvisionnement en eau facile, les sols riches en amendement, un environnement marin vivifiant. De belle étendue (plus de deux hectares), le jardin des Bénédictines du Calvaire comporte sources, symboles de vie et purificatrices, bois où la nature s’exprime librement, grottes (oratoires) aménagées pour la méditation et statues de saints divers. Le parcours dans le parc, fait de montées assez raides, tire parti des contraintes de la topographie pour rappeler, en temps ordinaire comme durant les cérémonies, le cheminement de souffrance du Christ au Jardin des Oliviers avant sa crucifixion, temps fort du Christianisme, représenté dans de nombreuses œuvres d’art depuis le Moyen Âge.

Dans sa structure d’ensemble, le jardin des Bénédictines prolonge celui des Récollets, il a les mêmes fonctions, spirituelles, productives et d’agrément. Le jardin premier est le carré du cloître, réservé à la prière, à la réflexion sur soi ; viennent ensuite le potager-fruitier et le jardin médicinal, proche du jardin des fleurs destinées à l’ornement des autels et des cérémonies.

Cet espace paysager évolue dans le temps. Grandes propriétaires terriennes sur Landerneau, les religieuses agrandissent leur domaine à de nombreuses reprises, dans un esprit tant spirituel qu’économique, en achetant fermes, terres agricoles et moulin. La part du jardin productif est importante car au Calvaire, en plus des religieuses, il y a de nombreuses pensionnaires à nourrir. « Le jardin potager, endroit merveilleux », nous raconte l’une d’elle en 1932, « où se coudoient oignons et asperges, petits pois, fleurs et fruits qui entre les mains des chères sœurs cuisinières deviennent des plats délicats ». (L’Écho du Calvaire, 1932).

Les jardins conventuels accordent également une place importante aux arbres fruitiers, avec des configurations de pousse très variées : arbres de plein vent, en espaliers, petits fruitiers entourant des carrés potagers avec la volonté de tirer parti de toutes les expositions mais aussi des différents murs. On devine en général le souci de produire des fruits de consommation immédiate mais aussi des fruits de garde (pommes et poires). Quelques plants de vignes, pour le vin de messe et le raisin, un ou deux figuiers complètent fréquemment le verger. Certains pommiers d’espèces anciennes, préservés depuis le temps du pensionnat, constituent, avec d’autres ajoutés au fil des années, un verger conservatoire ouvert aux visites.

 

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